« C’est déjà assez que mes propres Lords me traitent comme une fillette ! Je refuse de me laisser traiter ainsi par Elisabeth. Je serai la femme qu’elle n’a pas su être. Je mettrai au monde un héritier, contrairement à elle qui est inféconde ! ».
En trois mots ? Moderne, enchainant, inventif. So, let’s have a look !
Sorti en 2018, ce long métrage est le premier né de Josie Rourke, qui pose un regard résolument moderne sur des personnages historiques à la valeur cinématographique inépuisable.
Alors, c’est quoi le pitch ? Marie Stuart, épouse du roi François II, se retrouve veuve à l’âge de 18 ans et choisit de quitter la France pour retourner dans son Ecosse natale. Elle retrouve alors son trône de Reine d’Ecosse et revendique, en vertu de son lignage, la succession de sa cousine Elisabeth Ire.
Ici, tout commence par la fin. Le film s’ouvre sur l’exécution de Marie Stuart, envoyée à l’échafaud par son propre sang. Alors qu’elle se présente devant son bourreau, sa robe noire lui est arrachée, en laissant apparaitre une autre d’un rouge éclatant, couleur synonyme de martyre chez les catholiques. Le film revient donc sur la rivalité entre Marie Stuart Reine d’Ecosse [Saoirse Ronan – prononcez « Seurcha »] et sa cousine Elisabeth Ire Reine d’Angleterre [Margot Robbie] ; et force est de reconnaitre que les deux actrices incarnent des adversaires tout à fait crédibles. L’une est catholique, l’autre est protestante. L’une est impétueuse et vaillante, l’autre est prudente et en retenue. L’une est désireuse d’engendrer un héritier, l’autre effrayée à l’idée qu’un époux puisse accaparer son pouvoir. Malgré leurs divergences, toutes deux partagent un attachement viscéral à leur trône et savent qu’en tant que femmes, la tâche pour le conserver sera un combat à vie.
Saoirse Ronan séduit par sa fougue, son courage et sa détermination et offre un vrai rôle de composition. Son exaltation communicative pour la préservation de son trône est capable de réveiller l’instinct du spectateur, qui se joindra à son combat. Margot Robbie quant à elle, brille davantage par sa transformation physique que par son interprétation. Mais est-ce objectivement à reprocher à l’actrice ou plutôt au rôle même ? Du point de vue des seconds rôles, le casting ne fait aucun doute quant à la modernité affichée de Josie Rourke. Le choix d’acteurs à l’origine ethnique invraisemblable pour l’époque [nous sommes mi-XVIème siècle] est un parti pris résolument moderne pour un film à la prétention historique. C’est une vision à la fois surprenante et novatrice. Côté rythme, l’ensemble donne le sentiment d’enchainer les scènes pertinentes sans repos, ce qui pèche pour la digestion de l’ensemble et donne un sentiment qui se rapproche à mi-parcours, du trop-vite, trop-plein.
* Pour l’anecdote, c’est le fils de Marie Stuart, Jacques VI, qui viendra à la succession d’Elisabeth Ire.
Et au final, on en pense quoi ? Malgré le grief relatif au rythme, Marie Stuart, Reine d’Ecosse est un long métrage vitalisé, qui donne un coup de pied bien placé au classicisme de la période élisabéthaine. Ce n’est pas une redite de ces prédécesseurs mais une interprétation moderne. Le risque ? Certains adhèreront, d’autre pas.
> Actuellement sur Netflix