« Be good, son. If you can’t be good, be careful ! »
En trois mots ? Modeste, nostalgique, personnel. So, let’s have a look !
Sorti en 2022, Belfast est un film librement inspiré de la propre histoire du réalisateur Kenneth Branagh, dont la popularité ne cesse de croire depuis les adaptations cinématographiques des bestsellers d’Agatha Christie.
Alors, c’est quoi le pitch ? Buddy, neuf ans, grandit au sein d’une famille protestante d’Ulster dans les années 1960. Alors qu’il mène une vie d’enfant heureuse, le jeune garçon va soudainement être propulsé au milieu d’événements qui le dépassent, prémices d’une guerre civile.
La quasi-totalité du film est tournée en noir et blanc, créant une immersion dans le passé à la fois authentique et sublimante. Amoureux des paysages irlandais, vous resterez sur votre faim, car mis à part les plans aériens d’ouverture et de fermeture, la vue de Belfast se résumera ici à une seule rue. Cette unité de lieu représente d’ailleurs avec fidélité la vie communautaire chaleureuse de la population nord-irlandaise des années soixante. Le film démarre dans cette rue principale, à la recherche du jeune Buddy, laissant dès le départ sous-entendre une vision à hauteur du petit homme, parti pris toujours fort intéressant [c’est là que Belfast possède des airs appréciables de Le Tambour 1979 ou Jojo Rabbit 2019]. C’est après un démarrage gai et enjoué que l’insouciance de Buddy vole littéralement en éclats. Le jeune garçon se retrouve paralysé au milieu d’une expédition punitive conduite par des protestants extrémistes contre la population catholique de son quartier, alors même que les deux communautés vivaient jusqu’alors en harmonie. Au milieu de cette sauvagerie urbaine, on fait la connaissance de la famille de Buddy, unie, moderne et en avance sur son temps, qui transcende les querelles religieuses. Toutefois, le manque de travail, les difficultés financières et désormais les conflits religieux, les poussent un peu plus chaque jour vers l’exil. Rester ou partir, telle est la question centrale de ce film. Si le père de famille est attiré par un avenir meilleur loin de son Irlande natale, la mère est terrifiée à l’idée d’être déracinée. Dès lors, vont-ils céder à la pression qui s’accentue ? Vont-ils seulement avoir le temps de choisir ?
A ceux qui nourriraient une pointe de déception après visionnage ou voudraient être prévenus avant visionnage, sachez que :
Petit 1 : ce long métrage n’est pas un film historique sur le conflit religieux en Ulster, donc pour la remise à niveau en Histoire, ouvrez fiça un Larousse.
Petit 2 : ce long métrage est étayé du point de vue d’un enfant de neuf ans, raison pour laquelle les préoccupations mises en jeu ne sont volontairement pas adultisées ni même formellement contextualisées.
Petit 3 : ce long métrage s’appuie sur une chronique familiale, c’est pourquoi il ne réserve pas un traitement de choix aux points de vue extérieurs aux membres de la famille et repose sur une vision volontairement égocentrée.
Voyez donc ce film pour ce qu’il est et ne soyez pas [trop] déçus par ce qu’il ne vous promet pas.
Et au final, on en pense quoi ? Ce long métrage est un hommage fort et sincère fait à une famille mais aussi à ceux qui sont restés, ceux qui sont partis et ceux qui ne sont plus. La démarche est respectable et le choix du réalisateur audible même si je n’ai émotionnellement pas vibré autant qu’espéré [indépendamment des choix scénaristiques évoqués plus hauts]. C’est là qu’on s’éloigne d’un Le Tambour / Jojo Rabbit mais c’est toujours mieux que les remakes superfétatoires des œuvres d’Agatha Christie.
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