« Is it so bad to give people hope ? »
Beh oui c’est so bad ! C’est carrément bad même !
En trois mots ? Long, lassant, attendu. So let’s have a look !
Sorti en 2022 et adapté du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham paru en 1946, Nightmare Alley offre un spectacle franchement surfait.
Alors, c’est quoi le pitch ? New York, années 40. C’est tout à fait par hasard que Stanley Carlisle croise la route d’un cirque itinérant. Rapidement, il se lie d’amitié avec un couple qui, autrefois, a monté un tour de medium au succès retentissant. Stanley se montre intéressé et manifestement doué pour l’exercice. Il reprend le tour à son compte et se lance pour la grande ville. Le jeune Carlisle est gourmand, très gourmand et malgré les mises en garde de ses instructeurs, il va pousser le numéro de télépathie au-delà du spectacle et proposer ses services particuliers à de riches désespérés.
Ce film souffre d’une basique répartition 1h / 1h / 20 min.
> 1h pour démarrer / 1h de péripéties attendues / 20 min de dénouement.
La première heure sert à poser les bases d’un univers circassien hyper artificialisé : trop beau, trop coloré, trop propre, trop soigné. L’ensemble donne le sentiment de manquer cruellement de naturel et d’authenticité. Si c’est esthétiquement attrayant, c’est historiquement inintéressant. De nombreux personnages s’y côtoient, dans une focale incompréhensible car beaucoup sont mis en lumière avec une grande attention alors même qu’ils possèdent un intérêt modéré voire nul à l’histoire. C’est principalement ce grief qui contribue à la longueur démesurée de cette première partie.
La deuxième heure amène – enfin – l’intrigue. Malheureusement, les péripéties qui s’y bousculent sont cousues de fil blanc. On retrouve notre mentaliste-escroc qui tente de dépouiller de riches nantis, éplorés d’avoir perdus un fils pour l’un, un amour de jeunesse pour l’autre. Vous serez largement capable d’anticiper la suite et la verrez arriver avec lassitude car les développements sont du déjà-vu. Il est regrettable que le jeu d’analyse du mentaliste n’ait pas été mieux affiné en insistant sur le dévoilement du talent nécessaire à la dissection d’êtres humains, car c’est un art ésotérique délicieusement attirant. La démarche est évidement expliquée à deux-trois reprises mais de manière très scolaire et c’est dommage. Une touche façon Guy Ritchie dans Sherlock Holmes avec vision d’anticipation ou façon Steven Soderbergh dans Ocean’s eleven avec explications visuelles a posteriori, aurait plus subtilement accompagné l’approche. Et à vous qui vous égosillez derrière votre écran « mais quelle hérésie, c’est du Guillermo del Toro ! », je ne réclame pas un copier-coller du style d’un autre mais suggère qu’une réflexion plus aboutie pour donner corps au jeu du mentaliste aurait été appréciée.
Pour ce qui est des vingt dernières minutes, elles seront dites dans les vingt premières. J’ai bien espéré que le scénario ne tombe pas dans le piège tendu mais il s’y est engouffré les deux pieds en avant. Pour 1946 oui, pour 2022 non [mais c’est le jeu de l’adaptation, n’oublions pas que c’est basé sur un bouquin].
Côté casting, Bradley Cooper interprète un homme aux facettes sombres, torturé par un passé qui le hante et des accès de violence irrationnelle, sans toutefois parvenir à atteindre la noirceur du personnage créé par Gresham. Sa performance ne m’a pas séduite car il ne possède pas le magnétisme d’un Léonardo DiCaprio ou d’un Joaquin Phoenix pour habiter ce type de rôle. Quant à Cate Blanchet, son surjeu m’a écœurée, au moins autant que sa mine sur botoxée. Pour le reste du casting, Willem Dafoe, Rooney Mara, Toni Collette, Ron Perlman – entre autres – m’ont laissé l’impression dérangeante d’avoir été castés au faciès, pour coller à l’univers circassien.
Et au final, on en pense quoi ? Ce long métrage, mi-drame mi-thriller, m’a donné la sensation d’être long, très long, trop long et malheureusement attendu dans ses développements. Quant à l’épilogue, il aurait largement gagné à être plus amoral et corrosif.
> Actuellement en salle