Swallow

« Everyday, try to do something unexpected. »

En trois mots ? Piquant, malaisant, étouffant. So, let’s have a look !

Sorti en 2019, Swallow est le premier long métrage de Carlo Mirabella-Davis, dans lequel Haley Bennett brille, bien plus que l’ensemble.

Alors, c’est quoi le pitch ? Hunter, jeune trentenaire, semble mener une vie heureuse et comblée aux côtés de son mari Richie, qui vient de rejoindre la très florissante entreprise familiale. Lorsqu’elle tombe enceinte, la jeune femme développe un trouble du comportement incompréhensible et inarrêtable.

Le démarrage de ce long métrage était pourtant prometteur. Durant les premières minutes, une bande sonore stridente accompagne une succession de scènes sans parole où l’intensification des bruits est capable de créer une immersion inquiétante [effet Gone Girl]. Puis, le spectateur est invité à se familiariser avec la relation de Hunter et Richie, faite de ce qu’il-faut-dire et ce qu’il-faut-faire mais ô combien artificielle et étouffante. Cette relation en quasi huis-clos évolue dans une ambiance rétro, traduite par la décoration intérieure de la maison et le style vestimentaire des années 50 [pour elle exclusivement alors que le film se déroule à notre époque], ce qui accentue davantage encore sa condition de ménagère. La mise en scène répétitive traduit d’ailleurs avec effet la monotonie de la vie de femme au foyer de Hunter. Sa grossesse est rapidement annoncée et l’apparition puis l’intensification de la pathologie sont cohéremment amenées, désemparant Richie et ses parents. Il parait évident que tous trois sont plus inquiets pour l’héritier en cours de route que pour Hunter, ce qui traduit davantage encore le cantonnement de son existence à celui de four à brioche. Jusque-là, Mirabella-Davis a tout bon !

Mais tout vient à déraper lors des consultations dans le cabinet de la psychiatre. Alors qu’on s’attendait à plonger dans les pensées délirantes de Hunter, luttant contre une folie insaisissable et un mal-être qui la consume, la jeune femme apporte l’explication à son état mental sur un plateau d’argent, faisant voler en éclats le climat patiemment instauré jusque-là. Quelle déception… Pis, la révélation du pourquoi sera le point de départ de la résolution cartésienne des troubles psychiatriques de la jeune femme en 48 heures chrono. Dès lors, on assiste à un grand chamboulement : de rythme, de mise en scène, de tenue vestimentaire et même de caractère [on a vu évolution plus subtile…]. Le film prend ainsi un virage à 180 degrés pour devenir logique, explicable et donc rassurant [car oui, la folie insondable effraie]. Quel dommage… Car le sujet relatif aux troubles psychiatriques aurait mérité d’être traité plus courageusement et pour lui seul.

Et au final, on en pense quoi ? Métaphoriquement, ce long métrage fait cheminer le spectateur vers l’émancipation de Hunter [et par extension de la femme], la découvrant capable de regagner sa liberté et se réapproprier son corps. Il n’empêche que l’on passe à côté du vrai sujet et pour qui aime les films dramatiques > dramatiques, l’optimisme de fin sera une incompréhensible curiosité.

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