« Jerry… Je me sens seule… Tue quelqu’un s’il te plait… Hey, pourquoi pas Lisa de la compta ??? »
En trois mots ? Farfelu, dingue, glauque. So, let’s have a look !
Sorti en 2014, The Voices nous permet de retrouver Marjane Satrapi [Persepolis, Poulet aux prunes] aux commandes d’une production à mille lieues de son terrain de jeu habituel et elle a de quoi nous scotcher !
Alors c’est quoi le pitch ? Jerry [Ryan Reynolds], la trentaine, réside dans la charmante ville de Milton avec ses deux compagnons, son chat Monsieur Moustache et son chien Bosco. C’est avec entrain qu’il se lève chaque matin pour enfiler sa combinaison rose bonbon et conditionner les baignoires de l’enseigne Milton’s. Célibataire, le jeune homme a le cœur qui bat pour sa collègue du service RH, la séduisante Fiona [Gemma Arterton]. Pour ce sacré Jerry, on peut dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ; tout du moins, tant qu’il omet de prendre ses médicaments…
The Voices est un véritable ovni ! Loin d’être en nuances de gris, les avis seront ici bien tranchés : soit on adore, soit on déteste. Le film se situe à mi-chemin entre le film d’horreur et la comédie, deux genres a priori incompatibles, qui se voient ici admirablement mariés par Satrapi, auteure d’œuvres hétéroclites mais toujours qualitatives. The Voices donne à voir une palette de couleurs pop à l’esthétique très proprette [flirtant avec l’univers de Tim Burton] et un jeune homme maladroit et attachant à l’emballement meurtrier insoupçonnable [flirtant avec l’univers de Dexter]. Il fallait oser ! Entouré d’un casting très féminin composé principalement de Gemma Arterton, Anna Kendrick et Jacki Weaver, Ryan Reynolds demeure l’acteur sur lequel repose cette production. Coincé entre un chat vicelard et un chien bienveillant [prolongements de sa propre conscience dont Ryan Reynolds assure logiquement le doublage en VO et Jonathan Cohen en VF], Jerry lutte de toutes ses forces pour se maintenir sur le droit chemin.
« Jerry est de retour !!! Ouais, on encule les médocs ! »
Affichant un sourire et un regard pouvant se révéler aussi engageants qu’inquiétants, Jerry se complait dans un univers onirique qu’il troque à la morne réalité. A travers sa personnalité, le jeune homme est capable de faire naitre l’empathie et susciter la sympathie ; et même après avoir compris l’escalade meurtrière qui se profile, ce bon Jerry continue de nous émouvoir. Malgré ses méfaits, on le plaint plus qu’on l’accable. C’est… extrêmement troublant. L’ensemble est étrangement rythmé par une BO obsédante, lumineuse et enjouée [reprise de The O’Jays] dont voici un petit avant-goût : « Sing a happy song, sing a happy soo0oong ! Come on, clap your hands, sing a happy soo0oong ! ». La ritournelle kitsch vous poursuivra jusque dans le générique de fin aux airs de comédie musicale, dans lequel un special guest fera son apparition…
Et au final, on en pense quoi ? Le multi-genre est parfois casse-gueule mais Marjane Satrapi mène la danse avec brio. Ne vous y trompez pas, The Voices n’est pas une comédie noire mais bien un film noir à la touche comique et cette étiquette fait toute la différence. En tant que spectateurs, vous serez troublés par la vitesse de mouvement de votre ascenseur émotif : du rire à l’effroi, de l’effroi au rire.
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