Mary and Max

« J’espère qu’un jour nos trottoirs se croiseront pour partager une boite de lait concentré.

Tu es ma meilleure amie.

Tu es ma seule amie ».

En trois mots ? Chaleureux, poétique, humain. So, let’s have a look !

Sorti en 2009, Mary and Max est une production époustouflante de l’australien Adam Elliot, passé maitre dans le film d’animation en volume.

Alors, c’est quoi le pitch ? Australie, 1976. Mary Daisy Dinkle [Toni Collette] a 8 ans 3 mois et 9 jours, les yeux couleur gadoue, une tâche de vin couleur caca, une mère qui sirote trop souvent du Sherry, un père qui préfère empailler les oiseaux morts et aucun ami. A New York, Max Horowitz [Philip Seymour Hoffman] a 44 ans, huit survêtements de la même couleur et de la même taille, une tripotée d’animaux de compagnie, du mal à comprendre les signaux non verbaux et aucun ami. Un samedi d’ennui, Mary feuillette le bottin. Amusée par les noms de famille de ses voisins américains, elle se demande si – comme sa mère le lui a expliqué – les bébés naissent également dans des chopines de bière aux Etats-Unis. Ou peut-être est-ce dans le cola ? Afin de satisfaire sa curiosité, Mary pioche un nom au hasard et écrit. Sa lettre atterrit chez Max Horowitz.

Qui dit film d’animation ne dit pas nécessairement tout public. Sous ses airs enfantins, ce film renferme une impressionnante quantité de thèmes difficiles : solitude, dépression, défaillance parentale, antisémitisme, santé mentale, mort, suicide. Comédie assez noire donc, pour public averti et intéressé seulement. Dans le même temps, c’est un film duquel il ressort une formidable chaleur humaine constituée par la relation épistolaire sincère, authentique et bienveillante entretenue par les deux protagonistes, où jamais il n’est question d’enjoliver ou d’impressionner mais juste d’être soi. Celle bulle sécurisante et rassurante que Mary et Max sont parvenus à se créer, forme un contraste de ton saisissant face aux thématiques abordées. Durant vingt années, Mary et Max échangeront pensées, points de vue, avis, questionnements, inquiétudes, conseils et douceurs en chocolat. La relation épistolaire qu’ils entretiennent aura un retentissement phénoménal sur leur existence et en particulier sur leurs futurs choix de vie.

L’équipe d’Adam Elliott a réalisé un travail exceptionnel d’analyse et de reconstitution détail par détail de chaque élément de décor. La précision de fourmi nécessaire pour parvenir à un ensemble réaliste, image par image, force le respect. Pour avoir testé les deux versions de doublure – à la sortie du film et plus récemment pour rafraichir mon souvenir – la VF n’a pas grand-chose à envier à la VO, les castings étant largement à la hauteur l’un de l’autre. En VO, on retiendra Toni Collette et Philip Seymour Hoffman dans les rôles de Mary et Max, quand, dans la VF mon coup de cœur se porte sur le narrateur en voix off, Denis Podalydès. Côté BO, deux titres constituent à mon sens la signature de ce film, créant un contraste supplémentaire et réjouissant : Perpetuum Mobile – Penguin Cafe Orchestra à partir de 00:20’ et A Swinging Safari –  Bert Kaempfert.

Et au final, on en pense quoi ? Mary and Max est un véritable bijou du tournage en claymotion. Les meilleurs atouts de cette production singulière résident dans ses personnages à l’existence cabossée mais à l’humanité profonde et infinie.

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