Everything Everywhere All at Once
Everything Everywhere All at Once

Everything Everywhere All at Once

« We’re all small and stupid. »

En trois mots ? Saugrenu, fantasmagorique, hallucinant. So, let’s have a look !

Sorti en 2022, cet ovni du jeune duo de cinéastes « Les Daniels » a fait une razzia sur les oscars 2023, raflant sept des récompenses les plus prestigieuses [meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleur montage, meilleure actrice, meilleur acteur secondaire, meilleur actrice secondaire]. Qu’on se le dise, la demi-mesure est ici impossible : soit on adore, soit on déteste. Pour ma part, c’est l’extase !

Alors, c’est quoi le pitch ? Evelyn [Michelle Yeoh] et Waymond [Ke Huy Quan] Wang, couple de chinois ayant émigré aux Etats-Unis, possèdent une laverie qui peine à joindre les deux bouts. Elle, stressée et hyperactive, tient à bout de bras leur commerce. Lui, philosophe et optimiste, prend la vie du bon côté. Alors que le couple se rend dans les bureaux du fisc pour répondre à un contrôle, un événement surréaliste va profondément bouleverser la monotonie de leur train-train.

Croyez-moi sur paroles, ce résumé factuel est à mille lieues de ce qui vous attend ! Mon emballement est palpable et mon empressement à écrire inarrêtable. Ce film m’a fait l’effet de Parasite de Bong Joon-ho. Si les genres sont évidemment aux antipodes, les deux longs-métrages m’ont conduite à me demander de quelle imagination suffisamment prolifique a pu naitre un projet aussi bombesque !

Le film trouve son ton dans une gravité comique d’équilibriste. Il parvient à faire passer les fantaisies les plus insensées telle une lettre à Laposte et à défier les lois les plus élémentaires de la science avec une sérénité déconcertante. Et ça fonctionne magistralement ! Nos héros se retrouvent ainsi happés dans un récit à marche forcée, dont la logique – qui lui est propre – échappe à l’entendement. A plusieurs reprises, vous douterez sur le point de savoir à quel genre appartient ce long métrage et vers où il tend à vous mener ; mais qu’importe, car le maitre-mot sera de vous laisser-porter pour accéder à une profondeur qui émergera au fil du visionnage.

Ainsi et alors que vous vous demanderez si ce délire fantasmagorique n’est que cela, ce projet hors du commun vous apparaitra progressivement limpide. Les Daniels sont parvenus à traiter en toile de fond des sujets graves tels que les relations intrafamiliales [intergénérationnelles, de couple, mère-fille], l’assimilation culturelle ou encore les choix de vie, d’une façon que nul n’aurait pu présager, à travers un prisme qui vient largement les dédramatiser et satisfera tous ceux qui possèdent le goût de la farce assumée.

Au fil des pérégrinations de la famille Wang – et alors que vous penserez avoir atteint le sommet du burlesque – une nouvelle idée encore plus saugrenue que la précédente émergera, prolongeant le délire cosmique qui se joue sous vos yeux ! Le duo de réalisateurs s’avère ainsi particulièrement doué pour orchestrer la surenchère, sans écœurer. Aucune redite, que de l’inédit. Film sous combo d’amphétamines pour le rythme et de psychotropes pour le surréalisme, l’ensemble est assuré par des effets techniques ingénieux et un calibrage d’enchaînements d’une qualité remarquable. Quel pied !

Et au final, on en pense quoi ? Film moins superficiel que sa légèreté le fait penser, Everything Everywhere All at Once est une œuvre éclectique dans laquelle s’épanouissent des acteurs particulièrement inspirés et qui satisfera tout spectateur en quête d’insolite.

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