Oppenheimer

« Je suis devenu la mort, le destructeur de monde. »

En trois mots ? Incarné, grandiose, dantesque. So let’s have a look !

Sorti en 2023, le dernier né de Christopher Nolan est un film biographique, adapté du livre Robert Oppenheimer : Triomphe d’un génie (2005) des historiens Kai Bird et Martin J. Sherwin.

Alors, c’est quoi le pitch ? Robert Oppenheimer [Cillian Murphy], brillant physicien à la pensée libre, est connu pour être le père de la bombe atomique. Le biopic retrace les périodes les plus marquantes de sa vie, de ses débuts d’étudiant à Cambridge à son discrédit politique.

Le film se déroule selon une structure narrative non linéaire, dont la compréhension est facilitée par les transformations physiques des personnages et la colorisation de l’image [de la couleur au bichrome noir et blanc et inversement]. En construisant son scénario de la sorte, Nolan trouve un point d’ancrage qui stimule la démarche intellectuelle et ça nous fait le plus grand bien !

Cillian Murphy plonge dans le rôle sans retenue et parvient à se glisser dans la peau de son personnage de façon assez troublante. Oppenheimer est un théoricien de génie, davantage animé par le développement intellectuel et tactique de ce qui deviendra la bombe atomique, que par l’anéantissement des populations [ouf, car les intentions changent le cours de l’Histoire !]. Au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que le projet Manhattan est achevé et que Oppenheimer est convaincu que l’utilisation de cette arme est devenue superfétatoire, il se heurte aux projets de Truman qui veut imposer sa reddition au Japon. A l’image du point de fission, le largage de la première bombe atomique sur Hiroshima vient créer une division chez Oppenheimer. S’il demeure fier de la réussite scientifique de son aréopage de chercheurs, le physicien réalise frontalement l’ampleur de ce qu’il a contribué à créer. A l’écran, l’incendie intérieur qui dévore l’homme, est traduit par des séquences aveuglantes, aussi éblouissantes que les éclats de lumière flamboyants de la bombe à laquelle il a donné naissance. Paradoxalement, chaque explosion est accompagnée d’un silence de mort, ouvrant sur un moment paroxystique. Pour autant, le film ne s’appesantit pas sur la tragédie humaine et conserve la focale sur l’homme. Démarrera alors pour Oppenheimer, une croisade pour la renaissance, qui sera largement parasitée par la remise en question de sa loyauté envers son pays.

Au-delà de Murphy, c’est l’ensemble de la distribution qui est à saluer, en particulier Emily Blunt qui incarne l’épouse, une femme au capital sympathie limité, anesthésiée par la vie, autant que par l’alcool et Lewis Strauss [Robert Downey Jr], ancien militaire et scientifique autodidacte, dont l’acharnement à détruire Oppenheimer par rancune, le conduira à sa propre perte. Les nombreux caméo permettront finalement aux plus joueurs d’entre vous de s’adonner à un who’s who bien corsé [je dois avouer que je n’avais pas remis Truman ! Et vous ?]

Et au final, on en pense quoi ? Film porté par une narration à la précision fuselée et un acteur capable de s’envoler vers les sommets les plus hauts avant de plonger vers les limbes les plus profondes.

> Actuellement en salle

> Et pour prolonger le plaisir : un homme d’exception (2001) et une merveilleuse histoire du temps (2014).