Snow Therapy
Snow Therapy

Snow Therapy

« Allez, on va faire une jolie photo ! 1, 2, souriez ! »

En trois mots ? Décapant, corrosif, sadique. So, let’s have a look !

Sorti en 2015, ce long métrage est une réalisation du suédois Ruben Östlund, qui voue une fascination à l’analyse des comportements humains.

Alors, c’est quoi le pitch ? Ebba, Tomas et leurs deux enfants s’offrent une semaine de villégiature dans les Alpes. Alors que la famille déjeune à la terrasse d’un restaurant de montagne, une avalanche se déclenche. Après la stupéfaction, c’est la panique qui s’empare des clients. Ebba agrippe ses enfants et tente de les mettre à l’abri quand Tomas saisit ses gants et son iPhone avant de prendre ses jambes à son cou ; pour ne revenir l’air de rien, qu’une fois le danger finalement écarté.

Délirant dites-vous ? Mais oui ! Il est cocasse d’imaginer qui a bien pu pondre une idée aussi saugrenue. La jouissance absolue serait qu’elle soit tirée d’une scène vécue [mouhaha > rire diabolique].

Après l’épisode surréaliste qu’elle vient de vivre, la famille apparait visiblement étourdie face à son assiette, quant à elle paradoxalement intacte. Sur le visage de la mère de famille, le choc fait très vite place au questionnement, qui lui-même vire rapidement à l’obsession : comment Tomas a-t-il pu les abandonner face à leur sort ? Par désintérêt ? Egoïsme ? Peur ? Instinct de survie ? Comment expliquer que celui que l’on croit connaître depuis tant d’années, devienne en une fraction de secondes un être si méconnu ? Cet épisode traumatique ronge la jeune femme de l’intérieur car il ébranle sévèrement ses certitudes à propos de son couple. Ebba tente à plusieurs reprises de placer son mari face à la vérité dérangeante mais il la nie, arguant que chacun possède sa version des événements. Dès lors, on assiste à un inexorable délitement relationnel.

Il y a quelque chose de jubilatoire à contempler ce couple bourgeois et moderne, en apparence heureux et comblé notamment grâce à ses deux enfants normalement capricieux et hyper connectés, se décomposer. Dans un enchaînement de séquences tantôt graves, tantôt tragicomiques, le film dissèque les conséquences de l’épisode sur le couple puis sur la famille. Les clichés de l’homme chevaleresque et du patriarche valeureux reçoivent une bourrasque décapante. Le réalisateur a manifestement la dent dure lorsqu’il manipule les stéréotypes de genre puisqu’il prend un plaisir sadique à multiplier les scènes risibles et pathétiques, broyant un peu plus à chacune, les cojones d’un quadragénaire vieillissant. [A noter, si le film avait été réalisé par une femme, elle aurait été à coup sûr taxée de castratrice hystérique… Ouf !]. Mon impartialité me pousse tout de même à concéder le côté passablement injuste de l’affaire car les questionnements existentiels que ce film soulève ne se seraient sans doute pas posés avec une telle virulence si les rôles masculin et féminin avaient été ici inversés. [Mais c’est toute l’essence de la stéréotypisation et je me plie de bon gré aux divagations facétieuses du réalisateur].

Et au final, on en pense quoi ? J’adore. La tentation sera grande en éteignant votre écran de vous tourner vers votre moitié pour le / la gratifier de vos pensées profondes à travers une phrase commençant par : « moiiiiii, je pense qu’à leur place tu aurais réagi en […] » ; mais rendez-vous service et abstenez-vous.

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