Une Ode Américaine
Une Ode Américaine

Une Ode Américaine

« Nos origines définissent qui nous sommes mais nous choisissons chaque jour qui nous voulons devenir ».

En trois mots ? Fidèle, déchirant, authentique. So, let’s have a look !

Sorti en 2020 et adapté du récit autobiographique Hillbilly élégie de J.D Vance, ce long métrage offre un regard sincère sur une épopée familiale singulière.

Alors, c’est quoi le pitch ? Après un appel téléphonique le sommant de retourner d’urgence dans son Ohio natal, J.D Vance, étudiant en droit à l’Université de Yale, fait la route pour rejoindre ses proches. A l’occasion de son retour dans les Appalaches, J.D revient sur l’odyssée familiale à travers trois générations.

Bien que réalisé par Ron Howard, ce long métrage possède le goût du cinéma indépendant. A travers une narration aux flashbacks éclairants, on suit la saga d’une famille à l’esprit clanique, à la fois dysfonctionnelle et gangrénée de l’intérieur. Cette épopée est vécue à hauteur du jeune J.D [Owen Asztalos], un adolescent attachant, un peu pataud et un peu à l’écart, mais un bon garçon avant tout. Il est amené à composer avec ce que la vie lui a offert : un père absent, une mère défaillante [Amy Adams], une sœur qui a soif d’indépendance [Haley Bennett] et des grands-parents dévoués, en particulier sa grand-mère, sa tendre Mamaw [Glenn Close]. Devenu adulte, J.D [Gabriel Basso] pose un regard lucide sur sa famille. On comprend rapidement que l’adulte demeure tiraillé entre sa détermination à s’en sortir et son attachement viscéral aux siens. La version adulte possède l’intelligence scénaristique d’être aussi réservée que dans ses jeunes années, voire parfois même effacée au profit des seconds rôles, effet surprenant pour un personnage principal, mais apprécié. Certains diront que c’est manquer de corps dans le jeu d’acteur quand d’autres penseront que cette interprétation est fidèle au caractère intrinsèque du jeune homme.

Ce positionnement en retrait contribue à dessiner une dichotomie intelligente face à des personnalités fortes telles que la mère et la grand-mère. Si les talents d’Amy Adams et Glenn Close ne sont plus à prouver, leur interprétation extrême mérite d’être saluée [Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour l’ainée]. La métamorphose nécessaire à la composition de ces deux rôles est stupéfiante : un phrasé rapide aux sonorités country, un physique épaissi, du maquillage relégué, des coiffures brutes. L’ensemble se veut ainsi criant d’authenticité et reflète avec fidélité les modèles dont il s’inspire [Oscar des meilleurs maquillages et coiffures].

La cellule familiale gravite ainsi autour d’une mère à la santé mentale bancale et aux addictions évolutives, qui cristallise les inquiétudes et absorbe la vitalité ambiante. On s’immisce dans des relations familiales teintées de conflits internes et d’interdépendance. Le film est rythmé par des scènes percutantes, capables de dévier de façon soudaine, brutale et violente. L’effet produit est sidérant. Dans cette atmosphère asphyxiante, J.D sait pouvoir compter sur sa Mamaw, le pilier de la famille, celle qui incarne l’autorité et la sécurité affective, celle qui encouragera toute sa vie durant son petit-fils à ne jamais cesser de déployer les efforts nécessaires pour contrecarrer la dynamique enclenchée par le déterminisme social.

Et au final, on en pense quoi ? Ce long métrage possède l’intelligence de ne pas tomber dans le voyeurisme ni donner dans le discours politisé sur la condition sociale de l’Amérique profonde. C’est un concentré de vie, à la fois dense et complet, le genre de film qui laisse une empreinte forte après avoir éteint l’écran. Dans la même veine, un état à Osage County pourrait contenter les adeptes du genre.

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