Impardonnable
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« Votre vie à vous, elle commence ici et maintenant, elle n’a pas commencé il y a vingt ans ».

En trois mots ? Larmoyant, rapide, convenu. So, let’s have a look !

Sorti en 2021, Impardonnable surfe sur le succès de la série américaine Rectify (2013) [poignant récit de la reconstruction d’un ancien condamné à mort] et entend combiner la puissance distillée durant quatre saisons en moins de deux heures. Prétentieux, dites-vous ?

Alors, c’est quoi le pitch ? Ruth Slater est libérée de prison après avoir purgé une peine de vingt ans pour le meurtre du shérif local venu les expulser, elle et sa jeune sœur Cathy. A sa sortie, Ruth retrouve une société qui refuse de lui pardonner. Poursuivie par son passé, surveillée de près, condamnée à vivre dans un logement de réinsertion miteux et à survivre grâce à un emploi alimentaire, Ruth fait preuve de résilience et demeure déterminée à retrouver Cathy.

Actrice tout terrain, crédible et à l’aise de la comédie au drame, Sandra Bullock offre ici une prestation brute. Cohérente sans forcer l’émotion, l’actrice parvient à éviter l’écueil pathétique dans lequel il eut pourtant été facile de tomber. Sans être exceptionnelle, son interprétation mutique et en retenue convient à l’ambiance générale. Dans le même temps, son personnage apparait scénaristiquement approximatif car on s’étonne que si peu de stigmates persistent après vingt années d’enfermement. La symptomatologie liée à la détention est ainsi, à peine suggérée. Alors même que Ruth n’a plus fait l’expérience de la vie ordinaire – et moderne – depuis deux décennies, le quotidien lui apparait étrangement accessible. La quinquagénaire est tout juste stressée en traversant la rue sur un passage clouté bondé. C’est hélas insuffisant pour prétendre être crédible.

Dès la sortie du pénitencier, l’agent de probation donne le ton : Ruth est et restera une tueuse de flic aux yeux de tous, une inspiratrice de rejet instinctif alors autant accepter sa condition. Duraille. Ce film aborde en filigrane, les thèmes intrinsèquement liés à son sujet principal – le retour à la vie civile, la réinsertion professionnelle, le poids du passé, le désir de vengeance – mais malheureusement de façon assez conventionnelle. L’ensemble est rapide, trop rapide pour permettre une immersion correcte.

La présence des seconds rôles est distillée avec parcimonie. Si leur souffrance est dite, on ne change cependant pas de point de vue. Seul celui de Ruth est décortiqué et fait naitre compassion et empathie uniquement pour elle, ce qui nuit malheureusement à l’impartialité scénaristique qui devrait logiquement être attachée à un rôle aussi dominant. Ainsi, le film vous mènera là où il veut vous conduire. Un mini twist m’a donné l’espoir d’un épilogue tonitruant mais celui retenu sera finalement la version académique.

Et au final, on en pense quoi ? C’est le genre de film qui se laisse regarder mais boarf quand même.

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