Deep Water

« Si tu avais épousé n’importe qui d’autre, ta vie aurait été tellement chiante que tu te serais foutu en l’air. »

En trois mots ? Monotone, fade, lisse. So, let’s have a look !

Sortie en 2022, il n’y a que cette citation qui soit sauvable dans cette adaptation insipide du roman éponyme de l’américaine Patricia Highsmith par Adrian Lyne.

Alors, c’est quoi le pitch ? Victor [Ben Affleck] et Melinda Van Allen [Ana de Armas] forment un couple acidifié par les années. Alors que Victor s’accommode des aventures de sa femme, il décide d’y mettre un terme en laissant sous-entendre qu’il a tué l’un de ses amants porté disparu. Lorsque le véritable coupable est arrêté, Melinda rassurée, continue d’agrandir sa collection. C’est alors que d’autres amants disparaissent…

Dieu que c’était l-o-n-g… Et bien que ce film porte l’étiquette de « thriller », j’ai eu toutes les difficultés du monde à consentir à le rattacher à cette catégorie car rien ici ne vous fera sursauter, haleter ou suffoquer. Démarrons par un constat :

Etat de fait numéro 1 : à défaut d’avoir des problèmes, on s’en invente.

Etat de fait numéro 2 : plus on est riche et inoccupé, plus on trouve des idées farfelues pour tromper l’ennui [et son conjoint].

Etat de fait numéro 3 : assassiner des inconnus est manifestement plus facile que de divorcer.

D’un côté, Ana de Armas – à qui il faudrait expliquer qu’on n’a pas besoin d’écarquiller les yeux h24 pour avoir une bonne acuité visuelle – joue le rôle d’une nymphomane aguicheuse et provocatrice, que l’on devine plus attirée par le fait d’emmerder son mari que par le fait de s’envoyer en l’air avec d’autres. Face à elle, Ben Affleck, ce faux-calme cocu, qui passe absolument tout à sa bien-aimée – y compris se faire renifler le cul par d’autre fins limiers – pour le seul fait qu’elle est l’Amoooooooour de sa vie. Dès lors, que fait-on avec ce couple oisif non dénué de charme ? Eh bien on les regarde s’enfiler des cocktails sophistiqués en écoutant de la bonne musique, enchainer les scènes de touche-pipi entre eux – ou avec d’autres pour Madame – et s’occuper lors des temps morts quand même de leur fillette.

« Je trouve que vous êtes un type incroyable de me permettre de fréquenter votre femme ! »

Mais comme le disait Bashung, faut savoir dire stop, non ?

Allez, plus sérieusement, l’absence de rythme et le décès prématuré de toute l’équipe de scénaristes sont les deux principaux griefs à formuler contre ce long-métrage. Durant la première moitié [au sens littéral donc 57min], vous ne verrez pas franchement où l’enchainement inintéressant des soirées mondaines veut vous mener. Durant la seconde moitié, vous percevrez un léger changement de ton mais la montée en nervosité de Victor demeurera imperceptible – ce qui s’entend pour un cultivateur d’escargots posé et réfléchi qui fonctionne à 2 de tension – mais interroge par la suite : pourquoi ses erreurs sont-elles aussi idiotes ? Il y a quelque chose d’illogique et fatalement, ça ne matche pas. Côté Ana de Armas, son jeu provocateur ensorcelant fait de l’effet mais détonne avec les moments d’extrême lucidité dont la jeune femme fait preuve, du coup la mayonnaise ne prend pas complètement. Quant aux seconds rôles, aucun ne viendra en aide à ce couple de la upper class mal assorti, qui continuera de patauger dans sa propre merde.

Et au final, on en pense quoi ? On est bien loin du niveau des thrillers érotiques que Adrian Lyne a dirigés par le passé. Quant au casting, il y a des couples qui ne résistent ni à l’écran, ni à la vie [heureusement pour J.Lo].

> Actuellement sur Amazon Prime [je ne le précise que par conscienciosité]